La mare aux nénuphars

Luminelya a écrit : ↑

dim. juil. 26, 2020 8:04 am

Je trouve ton questionnement intéressant. Personnellement je ne vois pas de souci à ce qu'une partie du texte échappe au jeune lecteur, du moment que ce soit bien dosé. C'est bien ainsi que fonctionnent les Pixar que tu cites.
Cette réflexion m'évoque aussi cet article de Clémentine Beauvais , qui te parlera peut-être.

Nana a écrit : ↑

dim. juil. 26, 2020 9:10 am

Je me souviens qu'en lisant à la croisée des mondes à 13/14 ans, j'avais justement était un peu frustrée de ça. Je sentais qu'il y avait toute une réflexion un peu philosophique/religieuse qui me semblait intéressante mais que en même temps je n'arrivais pas complètement à appréhender. Du coup la lecture m'était bizarrement plus agréable en tant qu'adulte. Mais c'est peut-être juste moi.
Je n'ai pas ressenti cette frustration à la première lecture, mais clairement en le relisant en tant que jeune adulte (vingtaine) puis adulte (trentaine), je n'ai pas du tout eu la même expérience de lecture les trois (ou plus) fois. Et justement, je me demande si on a beaucoup d'éditeurs prêts en France à tenter ce genre d'expérience, de nos jours. Bien sûr, tout le monde n'a pas le talent de Philip Pullman

Pour Pixar, il faudrait que je réfléchisse pour comprendre pourquoi ça marche, je ne m'étais jamais posé la question. Peut-être le fait d'être du point de vue de l'enfant/ado plutôt que des adultes ?

Tu devrais peut-être voir/revoir Là-haut. On est sur un duo enfant/vieux monsieur. Avec pour quête principale le vieux monsieur ronchon qui veut s'installer à un endroit précis en souvenir de sa femme... Au début, de mémoire, on voit même des problèmes de la vie adulte. (En tout cas la première scène, tu as toute sa vie, de l'enfance à la vieillesse)
Oui, carrément ! En tant qu'adulte, j'ai pleuré à la fin de la séquence et je me suis attachée au vieux grincheux (bon, aussi, j'ai un faible pour les vieux grincheux). Je vais le revoir, pour comprendre comment ils font. Après, je pense qu'on en revient aussi à la base des histoires : pour qu'un lecteur s'intéresse à une histoire, il faut qu'il voie un personnage en conflit, qui cherche à dépasser ce conflit. Ça devrait marcher quelle que soit la caractérisation du personnage, si éloigné soit-il du lecteur (en théorie). Donc aussi avec un personnage âgé, par rapport à un lecteur jeune. Et je crois que le talent de l'auteur-ice sera d'intégrer à son récit les codes du personnage et de les rendre lisibles (ou au moins en partie) au lecteur.
Je pense qu'avoir un perso enfant à côté permet d'avoir un perso auquel les enfants peuvent s'identifier. Surtout qu'ils développent une relation "enfant/grand-père" : même si les enfants ne se retrouvent pas forcément dans les problèmes des "vieux", ils peuvent se retrouver dans les réactions parce que ça va leur rappeler leurs parents ou grands-parents quand ceux-ci râlent sur leur boulot, sur la vie, ou tout ce que tu veux.
Oui, tout à fait. En fait, c'est là-dessus que j'ai construit mon histoire : au départ, je voulais raconter ce qui arrive à mon vieux grincheux, et c'est le conflit frontal généré par sa rencontre avec un ado qui a fait prendre la mayonnaise.


Sinon je reste par ici. Moi aussi j'aimerais bien que mon romand jeunesse puisse se lire à tout âge, même si le public cible reste les 10/12 ans.