Nankin a écrit : ↑ven. févr. 05, 2021 6:17 pm
La question donc est la suivante : comment approchez-vous une nouvelle idée pour en faire un roman ?
C'est marrant, j'ai l'impression que beaucoup ont un peu les mêmes mécaniques.
On a des idées qui sortent de partout et l'idée c'est donc de savoir comment faire le tri. Et j'ai l'impression que la plupart d'entre vous ont alors la même méthode que moi : attendre, voir si ça évolue, si ça vaut le coup, en laissant son esprit faire doucement le travail dans sa tête.
Moi, personnellement, il m'arrive quelque fois d'avoir une idée qui semble "complète" a première vue. En mode, il y a déjà presque tout, et il manque juste du travail pour en faire une vraie histoire. Dans ce cas, j'attends, j'attends de voir si l'idée reste et si plusieurs mois après, parfois plus d'un an après, j'ai toujours envie de l'écrire et à quel point. Comme certain.es l'ont dit avant moi ici : si ça reste à ce point dans la tête, c'est forcément qu'on a un truc à dire et à raconter avec cette histoire.
Mais le plus souvent, je vais avoir des idées "incomplètes". En gros, j'ai un vague concept. De personnage, d'univers, de quelques scènes etc. Bref, un truc où je sens qu'il y a quelque chose qui me touche, quelque chose que j'ai envie de dire... mais ça ne décroche pas pour autant totalement mon attention : il manque un truc. Mais de la même manière, j'attends. Ces idées restent ou non, mais celles qui restent il arrive presque toujours un jour où, soudain, une autre idée me vient et c'est pile ce qui me manquait pour compléter l'idée originale. Et hop, il y a une nouvelle histoire complète... et là, j'avoue, ça me paraît souvent tellement évident que je commence direct à prendre des notes (au moins).
Cela dit, je m'astreint à une règle très particulière et qui me semble salvatrice au vu du nombre d'idées qui me viennent : je ne commence à travailler sur rien tant que je n'ai pas au moins une fin assez précise en tête (pareil que pour d'autre, le milieu et le début peuvent être flou) et que je sais globalement pourquoi cette fin me parle et pourquoi j'ai envie de la défendre. Ce qui fait que, bien souvent, j'ai des idées d'histoires très complètes en tête qui sont assez géniales en termes de dramaturgie (dans le sens où quand j'en parle les gens me disent qu'il faut que je me jette dessus), mais je n'y touche pas trop quand même parce qu'il me manque encore soit la fin (pour savoir où je vais) ou la raison de cette fin (pour savoir pourquoi j'y vais).
Mais une fois que je valide une idée, bah il faut aussi trouver le moyen de l'insérer dans un calendrier d'écriture. De faire de la place parmi tous les autres projets en cours ou en attentes... et du coup, certaines idées, les plus fortes, finissent par obtenir des droits de priorité. D'autres viennent en tête de liste parce que, sur un plan de carrière, elles sont plus adaptées pour commencer... Genre, éviter de commencer par écrire la quintalogie épique et peut-être plutôt faire un tour du côté du one shot à côté :p
Ensuite, j'ai une méthode assez claire que je rôde au fil des années : je commence par rédiger un "premier jet", qui est en fait une première mouture de l'histoire quelle que soit la forme. Et ensuite, je déconstruis et reconstruis ça étape par étape jusqu'à arriver au produit fini... qui est toujours, finalement, excessivement différent de mon idée de départ, mais pour le mieux je crois !
Bref. Voilà comme je fais quand ce sont des projets persos.
MAIS.
Depuis un moment maintenant, je dois répondre à des commandes, avec des sujets précis.
Et là, il y a trois cas de figure.
Dans un premier temps, on peut me donner des premiers éléments d'histoire. Dans ce cas, c'est facile, les éléments donnés m'inspirent suffisamment pour que je sache comment en faire une meilleure histoire, j'applique ma méthode et je propose une nouvelle mouture.
Mais la plupart du temps, on me donne juste un cadre très vague : bonjour, je veux une série comédie-romantique-musicale dans le monde du hip hop et avec les réseaux sociaux (oui, oui, j'ai eu ça comme contrainte).
Dans ce cas, deux options.
Soit je me rends compte que j'ai déjà, dans un coin de ma tête, une idée incomplète qui pourrait correspondre. Là, je la met sur le papier, et je commence à travailler pour comprendre ce qui me manque, j'utilise le sujet donné pour compléter et très vite, j'arrive effectivement à trouver l'idée qui rend l'histoire parfaite pour répondre à la commande.
Soit je n'ai pas d'idée en stock qui pourrait faire l'affaire et je me demande ce que le cadre m'inspire comme sujet et comme message. Et au lieu de commencer par la dramaturgie, je commence par ce que je veux dire et je trouve une idée d'histoire autour de ça. Et je me penche dessus, j'évalue ce qu'il me manque pour faire une bonne histoire, je pose des idées, qui en amènent d'autres, jusqu'à trouver la bonne. Et je propose l'histoire.
Bon, il arrive aussi des fois que j'ai justement une idée déjà bien complète qui corresponde parfaitement, mais je peux avoir des réticences à laisser les commanditaires mettre leurs pattes dedans... Et puis c'est plus rare.
Mais ce que je trouve surtout intéressant avec cette histoire de commande, c'est que ça m'a fait me rendre compte d'à quel point, en réalité, avec un brin de méthode et de discipline, on peut complètement ignorer toute idée d'inspiration ou d'attente et quand même arriver au même résultat exactement. Il suffit de comprendre comment fonctionne de loin une histoire, de quelles briques élémentaires on a besoin pour avoir une idée et de se pencher sur le sujet pour aboutir à un projet à la fois viable et qui nous parle... et parfois même, de manière surprenante, hyper personnel et tout aussi fort que toutes les autres idées qu'on a "naturellement".
Moi, tout ce qu'il me faut, c'est éventuellement un format (court/série/long etc) et un médium de production (littérature, sonore, audiovisuel etc), ainsi qu'un ou deux éléments en plus et deux ou trois attentes d'un commanditaires pour créer une nouvelle histoire forte et qui me plait et qui est suffisamment forte pour que je puisse travailler dessus.
Donc, conclusion de tout ça. Je pourrais ne pas "attendre" que mes idées mûrissent. La seule et unique raison pour laquelle je le fais, c'est parce que j'ai trop projets personnel à écrire que je n'ai donc pas besoin de créer plus vite de nouvelles bonne idée.
J'ai aussi eu plusieurs fois le coup, de faire un rêve très scénarisé qui se transforme en synopsis, puis en roman. Du coup, c'est pratique, j'ai moins d'effort à fournir, mon inconscient se charge de tout 
, 
et 
j'écris les premiers chapitres puis je bloque, je relis les chapitres écrits, les corrige, puis écrit la suite petit à petit. Mes histoires je les laisse reposer dans un coin de la tête comme un levain. Je les rafraîchis petit à petit et elles finissent par surgir (ou pas si je les oublis) 