Je suis assez d'accord avec ce qui se dit ici. La maison d'édition qui ne fait ni le marketing, ni le maquettage... Ouais, non, c'est pas une maison d'édition.
En théorie, une maison d'édition, ça doit prendre en charge au minimum : des corrections éditoriales, l'illustration/couverture, la fabrication de l'objet numérique ou imprimé en tant que tel, la diffusion sur des canaux auxquels tu n'as pas accès toi-même, la comptabilité et la promotion. Quand je dis "prendre en charge", je dis bien assurer financièrement le service, pas forcément tout faire soi-même. Par exemple, une large partie de la promotion est souvent assuré par l'auteurice... tout simplement parce que c'est ça qui fonctionne. Mais l'éditeur doit a minima défrayer et organiser cette promotion, voire la rémunérer complètement.
Bref, si une maison d'édition, si petite soit-elle, n'apporte pas au moins ça, autant ne pas signer du tout. Parce que même une maison d'édition qui offre l'objet livre en tant que tel, mais pas la diffusion et la promo, c'est pas du tout bien en vrai : elle ne prend aucun risque, s'assure en général que le coup de production de l'objet est minimum, et laisse l'auteurice faire tous les efforts pour la rémunérer en échange d'un service qui ne vaut sans doute pas si cher au final... Bref, c'est de l'auto-édition déguisée mais où tu perds une part des revenus inutilement...
De la même manière, si vos canaux de diffusion, pour une raison x ou y, sont plus importants que ceux de la maison d'édition, franchement, à quoi bon passer par elle ?
La façon dont sont faits les contrats d'éditions actuellement cède bien trop de droits aux éditeurs je trouve (et je parle en étant côté édition hein) et donc il faut que ça vaille vraiment le coup à mon sens. L'auto-édition est souvent aussi efficace qu'une toute petite maison et ne coûte pas forcément si cher que ça : c'est énormément de travail, ne nous le cachons pas, mais c'est pas insurmontable et c'est toujours moins de travail que d'écrire le roman en tant que tel.
Bref, tout ça pour dire, à mon avis, la question doit se poser ainsi :
1/ est-ce que tu estimes que le roman est fini de ton côté, que tu ne peux plus rien y apporter, ou que tu ne veux plus y apporter plus parce que tu as d'autres projets maintenant ?
- Si oui, passe à la question suivante.
- Si non, réécris ! (sans hésiter à passer en cycle ou par un professionnel qui pourra t'aider à dépasser tes limites au besoin.
2/ est-ce que tu as envie que le roman "existe", c'est-à-dire qu'il soit diffusé à un public, lu, acheté, vendu etc ?
- Si oui, passe à la question suivante.
- Si non, mets le dans un tiroir ou paye un prestataire pour avoir un bel objet de ton côté et mets le sur une étagère.
3/ est-ce que tu veux totalement contrôler la diffusion du roman et sa forme, ou est-ce que tu acceptes que d'autres y mettent leurs pattes ?
- Si tu veux tout contrôler, pas de doute : auto-édition, c'est la seule solution.
- Si tu acceptes que d'autres puissent intervenir et que l'objet ne soit pas exactement ce que tu avais imaginé au final, passe à la question suivante.
4/ est-ce que tu te fiches que la diffusion soit minime ou tu veux vraiment essayer de toucher le plus large possible avec ce roman ?
- Si tu veux une diffusion la plus large possible, il va falloir passer par des maisons d'édition et pas n'importe lesquelles : prend le temps de voir quelle maison d'édition peut effectivement t'apporter ça ou non, envoie leur et attend leurs réponses... Note : des fois, il faut attendre une proposition de contrat pour comprendre si la maison d'édition peut effectivement offrir quelque chose de bien ou pas, et donc il faut aussi envoyer à des maisons sur lesquelles tu n'as pas forcément toutes les infos. Dans ce cas-là, à moins que tu n'aies des moyens extraordinaires à ta disposition pour diffuser le livre : peu importe les délais, attend. Si toutes les réponses sont négatives, c'est peut-être qu'il manque quelque chose à ton roman, essaie, si tu le peux, d'obtenir une réponse plus détaillée pour savoir quoi corriger, quoi réécrire éventuellement... mais ça te ramène un peu à la question 1. A toi de voir si tu veux réécrire ou pas. Et si tu veux pas, peut-être envisage de choisir l'autre réponse à cette question. Si tu as des réponses positives par contre, passe à la question suivante !
- Si tu t'en fiches, envoie à toutes les maisons d'éditions qui se présentent comme étant à compte d'éditeur et qui te plaisent (genre pas celles dont tu trouves les couv' vraiment moche, ou celles qui refusent de diffuser en numérique parce que la modernité c'est nul alors que toi tu kiffes ta liseuse...). Dans ce cas, je conseille d'attendre au moins un an les réponses. Oui, c'est long, mais certaines maisons ne peuvent pas offrir de meilleur délai et valent pourtant le coup. Et pourtant, au-delà d'un an, je trouve que c'est un peu du foutage de gueule. Ne pas avoir eu l'occasion, en un an, d'au moins feuilleter le syno et/ou les premières pages de chaque roman pour au moins dire "ok on va lire, patientez un peu plus" : c'est pas sérieux, ça témoigne sans doute d'une inactivité. Bref, au bout d'un an, si pas de réponse positive : auto-édition. Si au bout d'un an il y a des réponses positives... passe à la question suivante !
5/ est-ce que la proposition de la maison d'édition correspond à tes attentes, dépasse ce que tu peux t'offrir toi-même et ce sans céder trop de droits vis-à-vis de l'apport ? (inclure dans cette question les demandes de modification de fond faites par l'éditeurice, est-ce qu'elle vous conviennent ou pas ? ça reste votre roman)
- Si oui, signe. Qu'est-ce que tu as à perdre ? C'est le pompon :p (mais ne t'attend pas non plus à ce que tout se passe comme sur des roulettes...)
- Si non, passe à la question suivante.
6/ est-il possible de négocier avec la maison d'édition pour obtenir des conditions qui te conviennent mieux ? (parce que oui, on l'oublie, mais c'est possible, les maison d'édition envoient souvent un contrat standard sans se poser de questions, mais ne sont pas forcément attachés à toutes les clauses)
- Si oui, une fois le contrat renégocié, signe. A priori, tout a été mis en place pour que la collaboration se passe bien. (mais ne t'attends pas non plus à ce que tout se passe comme sur des roulettes)
- Si non, alors refuse et revient à ta réponse de la question 4.
Je pense qu'il faut bien garder en tête aussi, que même un contrat avec une grande maison ne veut pas forcément dire qu'on va bien s'occuper du roman. Des fois, oui, la collaboration est super. Mais souvent, il arrive que l'éditeurice abandonne un peu le projet en cours de route, se consacre plutôt à tel autre auteurice dont le succès est plus certain etc, etc. Se faire éditer, ça peut apporter beaucoup de choses, mais c'est pas forcément la panacée je trouve.
Bref, voilà un peu ce que j'en dis : c'est pas parce que les éditeurices choisissent les textes qu'iels veulent publier que l'auteurice n'a pas le choix de l'éditeurice pour autant.
Et au final, la question ne me semble pas être de savoir s'il faut que le livre existe ou pas, ou s'il faut attendre une bonne maison d'édition ou pas, mais plutôt de trancher entre :
- Exiger une diffusion large au prix de multiples réécritures et d'un risque que le livre n'existe pas.
- Arrêter les frais en termes d'écriture gratuite au prix d'une diffusion limitée.
Bref, choisir entre son désir de notoriété et de prestige, et son désir de contrôle sur le roman...
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Présenté comme ça, c'est un peu super triste en fait. Disons plutôt entre écrire pour faire rêver les autres, ou écrire pour soi
En suivant cette logique, perso, j'ai choisi d'auto-éditer mon premier projet, parce que j'ai envie d'en écrire d'autres et que je n'ai plus envie de faire les corrections nécessaires pour convaincre les maisons d'éditions qui valent le coup. Et je croise encore les doigts (même s'il paraît que les rumeurs sont bonnes) pour obtenir une réponses positives sur le second.