Briser le quatrième mur dans roman (sans murs)

[Clarilène]

Bonsoir aux grenouilles.

Il se trouve que dans le roman que je suis en train d'écrire, il m'est arrivé à plusieurs reprise que mon narrateur (auquel je m'identifie) intervienne de façon à "parler" directement au lecteur. Dans ce genre d'intervention, il interpelle le lecteur par des apostrophes ou bien précise des infos et les commentes avant de signaler clairement qu'il retourne à sa fonction première : la narration.

Il s'agit d'un roman destiné à un jeune public d'environ 10-12 ans. Ma question est simple, est-ce pertinent de placer un tel narrateur sachant que cela ne modifie pas l'histoire (juste à faire rire éventuellement) et de le développer, ou bien faut-il que je l'enlève ?
En effet, je ne sais pas si ce phénomène d'intervention du narrateur pour "discuter" avec le lecteur est perturbateur pour ce type de lecteur ou bien apprécié par les ME ou bien, puisque ce n'est pas forcément utile à l'histoire, pertinent de le placer.

Je vois ce narrateur un peu comme le conteur qui s'arrête au milieu de sa lecture pour interroger ou faire réfléchir sur l'histoire son auditoire. Sachant, qu'il se prend au jeu de l'histoire tel un enfant.


J'espère que c'est pas trop difficile à comprendre, sinon, vous pouvez avoir des exemples précis de ses interventions dans cet extrait.


Merci d'avance pour vos réponses.

[NaNa]

J'ai pas lu les romans, juste la série, mais j'imagine que si le narrateur le fait dans la série il doit le faire aussi dans le livre : dans les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, tu as le narrateur qui brise tout le temps le quatrième mur, soit pour définir des mots, soit pour rappeler aux gens que cette histoire est triste et qu'il ne faut pas a poursuivre. L'histoire a ceci de particulier qu'on se rend compte à un moment que le narrateur fait partie de l'histoire, mais même dans le cas contraire, je n'aurais pas trouvé ça dérangeant. En tout cas dans la série ça passe bien. Et ça cible le même public que toi.
Je n'ai pas d'autres exemples en tête, mais je pense avoir lu d'autres livres jeunesse qui s'adresser directement au lecteur.

Je pense que c'est possible et qu'il n'y a pas de règles en la matière. Je sais que certains n'aiment pas (ça les sort de leur lecture), mais il y a des gens qui aiment beaucoup. Donc si tu veux le faire, je ne pense pas que ce soit rédhibitoire.
Tu peux avoir une interpellation du lecteur dès le début pour que ça ne surprenne pas ensuite. Ca instaure de suite une sorte de dialogue entre ton narrateur et le lecteur. C'est ce que j'avais fait sur un de mes rares projets à la première personne. Personne ne l'a lu à part moi mais je trouvais que ça passait bien.
En fait je pense que ça passe d'autant mieux quand le narrateur a une vraie "voix". Ce qui ne veut pas dire que c'est un personnage de l'histoire, mais disons, qu'il va avoir une posture caractérisée. Pour toi visiblement, c'est la figure du conteur. Tu peux donc jouer à fond sur cette figure, même dans les moments où tu est dans la "narration", et je pense que ça devrait être bon. En parlant d'un conteur, on imagine de suite l'auditoire qui va avec, donc ce n'est pas incohérent qu'il interpelle le lecteur.

Il s'agit d'un roman destiné à un jeune public d'environ 10-12 ans. Ma question est simple, est-ce pertinent de placer un tel narrateur sachant que cela ne modifie pas l'histoire (juste à faire rire éventuellement) et de le développer, ou bien faut-il que je l'enlève ?

Tu as l'histoire mais tu as aussi le style. Si ça sert le style, ça sert le roman même si ça ne sert pas l'histoire.

[Sytra]

J'approuve sans réserve tout ce que dit Nana !

J'ajouterais par ailleurs que même dans des dessins animés pour petits, il existe ce principe du narrateur qui brise le quatrième mur. J'en connais au moins deux parmi ceux que regarde mini-nazgûl (Pocoyo, et Les contes de Lupin, tous les deux très chouettes ). Si ça ne perturbe pas un enfant de quatre ans, je pense que le principe ne perturbera pas du tout des enfants plus âgés.
Quant au ressenti de l'éditeurice, je pense que comme pour les lecteurices, certain.es vont adorer, d'autres ne vont pas aimer. Mais ça sera par rapport à des goûts personnels d'après moi, pas par rapport au fait que ça ne pourrait pas fonctionner pour ton public cible. (Certain.es éditeurices risquent de te renvoyer un refus où iels te diront que ça ne se fait pas pour du roman jeunesse, mais il faut faire attention aux avis très tranchés des éditeurices sur ce qui se fait ou ne se fait pas. Bien souvent, un tel avis n'est qu'une vision restreinte guidée par leurs propres goûts littéraires, et l'éditeurice d'à côté ne tiendra pas du tout le même discours. )

Bref, si tu le sens comme ça pour ton roman et surtout (plus important encore !) si ça t'éclate de l'écrire comme ça, alors fonce ! Si tu t'éclates à l'écrire, il y a de bonnes chances pour que tes futur.es lecteurices s'éclatent à le lire.

[Clarilène]

Bon, alors je mettrai ça en place dans la correction parce que là, il me reste 3 chapitre à écrire donc j'ai vraiment bientôt fini

merci pour vos réponses