[A] Le héros qui tue

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Celia
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Re: Le héros qui tue

Message par Celia »

Quoique je ne partage pas forcément l'avis de Bélier sur tout, je suis relativement d'accord sur l'aspect fadasse de Light. J'ai bien aimé Death Note, jusqu'à un certain point, mais je ne trouve pas le personnage en lui-même très intéressant, surtout en modèle de tueur.
Certes on peut créer un personnage de tueur froid et distant (hors l'image du tueur "administratif", celui dont c'est le métier, tueur à gage ou administrateur d'un camp de concentration, dont les figures se moulent dans un système social extrêmement précis et construit)
Mais pour cela il faut sacrément fouiller sa psyché, son moi, son surmoi, et tutti quanti. Un personnage d'apparence fade (et non pas "normal" : subtilité) peut un jour péter un câble et descendre des gens, y compris dans des idées de justice et de grandeur. Mais pour cela il doit y avoir un déclencheur qui ne tient pas au "comment" (tiens j'ai les moyens de faire ma justice, allons-y) mais au pourquoi (pas "parce que la justice n'est pas bonne" ou "parce que je joue trop aux jeux vidéos" mais plutôt aussi "parce que je suis supérieur aux autres càd complètement névrosé", "parce que je suis asocial", "parce que il m'est arrivé ça et ça étant gosse") Je trouve que c'est en ça que le perso de Light n'est pas assez fouillé et donc décevant à la longue.
En "modèles", je me pencherai plus volontiers, chez les serial killers, sur des cas réels, sur les personnages de Thomas Harris (Dragon Rouge et Le Silence des agneaux), sur les cas de la série TV Criminal Minds (excellente source d'inspiration je trouve et très bien construite) Cela donne une palette déjà très impressionnante et diversifiée de ce que peut être un tueur psychotique. Et ça évite de se retrouver avec un personnage finalement peu intéressant.
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anonymetrois

Re: Le héros qui tue

Message par anonymetrois »

Pierre Boulle était relativement virtuose pour camper des personnages paradoxaux, amoraux souvent et à la fois admirables et destructeurs. Je me souviens notamment de "Les jeux de l'esprit", où les scientifiques prennent le pouvoir, les dirigeants classiques ayant montré leur impéritie. Le principe est un peu arbitraire, c'est un postulat : la société est gérée selon une approche strictement rationnelle ; le résultat mérite le détour. La conclusion sur le rôle du meurtre dans une société idéalement ordonnée relève certes du domaine de la pure spéculation intellectuelle... Mais, elle est drôle.

Un autre auteur qui parlait du métier de faire mourir, c'était Folco, dans "Dieu et nous seuls pouvons" ; avec une famille de bourreaux comme héros.

Je me souviens également de Kith Gersen, héros de la Geste des Princes Démons, de Jack Vance (encore un spécialiste des personnages sans morale mais souvent pragmatiques). Gersen se trouve voué, dès l'enfance, à la vengeance contre cinq personnes ; et à part ça il est relativement normal. La Geste est d'ailleurs, en quelque sorte, un récit initiatique, où le héros apprend de chaque étape de sa quête ; une quête meurtrière.

Dans l'Etoile du Matin, de Gemmel, le héros renconter Jarek Mace, un salopard sans morale destiné à entrer dans les légendes comme une sorte de Robin des Bois. Tout sauf un personnage "ordinaire". Cependant, lors de son voyage, ils se font attaquer par des bandits qui massacrent une partie de leur groupe sans la moindre compassion. Un peu plus tard, dans le camp de ces bandits, on découvre que ce sont des bûcherons et chasseurs "ordinaires"... Qui augmentent leur chances de survie par le brigandage. Ils aiment leurs familles, ils travaillent dur, et il leur arrive de massacrer des voyageurs en plus de la routine. Et le héros (assez candide) finit par découvrir de l'empathie avec eux, devient même ami avec un des hommes qui ont mené l'attaque sur son groupe, parce qu'il s'agit essentiellement d'un père et époux qui protège sa famille (sans la moindre considération pour les autres personnes et familles) et vu sous cet angle il devient très difficile de le condamner, dans un pays sans loi.

Dans tous mes souvenirs, quand je retrouve des personnages de meurtriers "positifs" qui m'ont marqué, je ne vois pas trop d'interrogations métaphysiques mais surtout des questions de pragmatisme, de motivation concrète, de but à atteindre.

Sur le sujet, je serais tenté de dire, virez-moi les états d'âmes. C'est chiant. Soit un personnage est capable d'assumer des meurtres (parce qu'il en accepte la nécessité, parce qu'il est motivé par une cause qui l'exige, pour de simples questions de survie bien comprise ou même parce qu'il est persuadé que son gain personnel justifie de prendre des vies) ; soit il n'est pas assez convaincu du bien-fondé de ses actes et alors effectivement tuer sera déstabilisant, entraînera le remord et le doute. Mais ce seront des remords et des doutes dûs au fait que le personnage n'a pas une motivation à la hauteur de ses actes. Et les personnages faibles, fragiles, ont besoin d'accepter que leurs valeurs précédentes n'étaient pas tenables par rapport aux actes que leurs limites concrètes les forcent à prendre (ou leur lâcheté, ou une faute morale de leur part) et qu'ils doivent en changer (ou les réaffirmer).

Je crois que j'ai parlé sur un ton trop péremptoire, mais je n'ai pas envie de récrire ce message qui m'a déjà pris du temps.

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Celia
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Re: Le héros qui tue

Message par Celia »

Bélier a écrit : Dans tous mes souvenirs, quand je retrouve des personnages de meurtriers "positifs" qui m'ont marqué, je ne vois pas trop d'interrogations métaphysiques mais surtout des questions de pragmatisme, de motivation concrète, de but à atteindre.

Sur le sujet, je serais tenté de dire, virez-moi les états d'âmes. C'est chiant. Soit un personnage est capable d'assumer des meurtres (parce qu'il en accepte la nécessité, parce qu'il est motivé par une cause qui l'exige, pour de simples questions de survie bien comprise ou même parce qu'il est persuadé que son gain personnel justifie de prendre des vies) ; soit il n'est pas assez convaincu du bien-fondé de ses actes et alors effectivement tuer sera déstabilisant, entraînera le remord et le doute. Mais ce seront des remords et des doutes dûs au fait que le personnage n'a pas une motivation à la hauteur de ses actes. Et les personnages faibles, fragiles, ont besoin d'accepter que leurs valeurs précédentes n'étaient pas tenables par rapport aux actes que leurs limites concrètes les forcent à prendre (ou leur lâcheté, ou une faute morale de leur part) et qu'ils doivent en changer (ou les réaffirmer).

Je crois que j'ai parlé sur un ton trop péremptoire, mais je n'ai pas envie de récrire ce message qui m'a déjà pris du temps.
Je ne sais pas si tu t'adressais à mon post mais si oui je pense qu'il y a incompréhension ^^
Le fait de plonger dans l'esprit du tueur n'engage aucune interrogation métaphysique. Je pense que c'est tout à fait différent. Il s'agit plutôt d'assoir solidement le personnage sur des bases psychologiques fiables. On ne tue pas comme ça,. Le tueur en lui-même n'a pas à se justifier par rapport aux autres ou par rapport à lui-même. Par contre, l'auteur a intérêt à le justifier (la construction du personnage, pas ses actes) au lecteur, sinon tout est bancal (j'ai lu quelques polars mal construit à cause de ça, et ça ruine une bonne intrigue.
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anonymetrois

Re: Le héros qui tue

Message par anonymetrois »

Non, non, je ne m'adressais pas à ton dernier post ! Mais on est d'accord, les réactions d'un personnage à des actes ayant une telle charge doivent être bien construites sans forcément passer par l'introspection ; le point de vue extérieur suffit, tant qu'il est cohérent.

Je pense simplement que le personnage qui passe du temps, au point de vue interne, à se demander "Oh qu'ai-je fait ce dernier regard va me hanter à jamais j'ai pris une vie je suis un meurtrier comment puis-je vivre avec ce fardeau" risque de m'énerver mais vite. Tout comme le personnage qui se sent obligé de justifier intérieurement chacun de ses meurtres d'ailleurs. Mais là, le problème, c'est plus celui de l'introspection balourde... J'étais légèrement hors-sujet, en fait.

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Re: Le héros qui tue

Message par Celia »

Bélier a écrit :Non, non, je ne m'adressais pas à ton dernier post ! Mais on est d'accord, les réactions d'un personnage à des actes ayant une telle charge doivent être bien construites sans forcément passer par l'introspection ; le point de vue extérieur suffit, tant qu'il est cohérent.

Je pense simplement que le personnage qui passe du temps, au point de vue interne, à se demander "Oh qu'ai-je fait ce dernier regard va me hanter à jamais j'ai pris une vie je suis un meurtrier comment puis-je vivre avec ce fardeau" risque de m'énerver mais vite. Tout comme le personnage qui se sent obligé de justifier intérieurement chacun de ses meurtres d'ailleurs. Mais là, le problème, c'est plus celui de l'introspection balourde... J'étais légèrement hors-sujet, en fait.
:mrgreen:
Oui les introspections lourdes c'est toujours assez énervant. Si tu veux bien t'énerver, je te conseilel de lire Shadow Man, l'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire en matière de thriller.
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Zanlicatl
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Re: Le héros qui tue

Message par Zanlicatl »

Pour répondre à se poste, je trouve que de TUER est la facilité. Il est de meilleur ton de faire en sorte que le héros sois par exemple en état de supériorité et que, au dernier moment, il se ravise. Ca peu le sublimer le rendre encore plus héroïque, le méchant peux devenir un ennemi juré, un ami, un amour pourquoi pas... Je pense que tuer un personnage est vraiment l'un des derniers recours ou alors qu'il ne sois que secondaire avec aucun autre plan d'évolution le concernant.

Si le héros est de type idiot a frapper avant de réfléchir (stéréotype de barbare) alors tuer peux devenir "normal" mais en se qui me concerne, je pense que c'est un atout très précieux que de ne pas tuer quand l'occasion se présente les trois quart du temps.
Mathieu Gaborit ma dit un jour:"L'écriture est comme un escargot, ce qui compte, ce n'est pas la coquille, l'orthographe, mais la créature à l'intérieur".

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