Déjà, petite mise au point, l'alcool est une drogue aux effets aussi dévastateurs que l’héroïne, hein... ce n'est pas parce que c'est légal que c'est moins dangereux...
Sinon...
Scarlett a écrit :Gobseck a écrit : Ça donne une espèce de confiance en soi particulière.
C'est le propre et le but recherché de n'importe quelle drogue, je dirais : désinhiber... et cela de tout temps et dans toute civilisation.
Mais, autant je perçois l'effet recherché quand il s'agit de passages à l'acte, par exemple dans le cas de la drague (même si c'est souvent pitoyable vu de l'extérieur), de la prise de risque, de l'usage de la violence, qui seront facilités par ce phénomène de désinhibition, autant j'ai du mal à comprendre le principe concernant l'écriture, qui est déjà une libération en soi, je trouve... Comment peut on avoir besoin de se droguer ( que cela consiste à boire, fumer, prendre des cachetons...) pour s'exprimer sur une feuille que personne ne lira ?
Ça me dépasse. Et pourtant, j'suis pas quelqu'un pour qui l'affirmation de soi est évidente et va toute seule. Je traine mes casseroles... Ou bien, seule explication qui me vienne, cela veut dire que le fait d'écrire, de "se livrer", est douloureux... et que la drogue est là pour atténuer cette souffrance ?
Perso, j'ai gouté au tabac, au shit, je me suis pris des cuites, j'ai fait mes expériences comme tout le monde.
J'ai eu droit à un cocktail anti douleur aux effets assez bizarres à l'hosto, je prends des médocs, dont des dérivés de morphine, qui peuvent faire planer très facilement et très efficacement ( style mille idées à la minute). Je les ai sous la main, si je veux ! Et pourtant, autant je me souviens avoir écrit sans trop le vouloir des mails assez "libérés" à un mec que je fréquentais alors ( comme je disais, je traine mes casseroles et la communication avec autrui, parfois bof bof... ); autant, je n'ai jamais utilisé rien de tout cela pour faciliter l'écriture...
Peut-être la faute aux spectres de deux grands pères alcoolos et violents avec leur famille... peut-être aussi une envie irrépressible de garder le contrôle... peut-être le fait aussi d'avoir été confrontée assez jeune à des gosses de 16 ans pétés à je ne sais quoi baignant dans leur pisse dans l'ascenseur de l'immeuble... et plus tard, à la fac, de devoir m'occuper d'une nana en pleine descente, ne sachant plus son nom ni où elle habitait, réduite à l'état d'un chien accroupi par terre qui n'aurait plus su marcher... Peut-être aussi par ce que j'ai entraperçu ce qu'était le réel visage du trafic de drogues ( gros dealers - pas des pioupious - descendus en masse de la région parisienne à l'époque avec matos et stocks plein le coffre sur une fac en grève et qu'il avait fallu virer à coups de barre de fer...), et pas juste le copain sympa qui te refile une barre de shit pour te dépanner...
Peut-être aussi parce que j'ai un peu gouté aux joies de ce qu'est un sevrage (mini me concernant, mais suffisamment désagréable quand même)...
Alors vouloir tester d'autres cochonneries de ce genre pour écrire plus vrai, non, vraiment pas pour moi.
Et je ne le conseille pas !
La transgression, la nouveauté, l'expérience peuvent être attrayants, surtout à un certain âge, mais l'envers du décor est sordide. Les témoignages - présents et passés - sont là si on a besoin d'aborder ce sujet ( il existe des forums, notamment d'aide au sevrage, très documentés). Lisez également certains bouquins de sociologues. Y'en a quelques uns à s'être immergés dans ce ou ces mondes ( sans pour autant se shooter!) et qui les ont très bien décrits.