En consultant l'index, je n'ai pas trouvé de fil de discussion spécifiquement sur le conflit en narration, mais s'il y en a un, que la force fuchsia n'hésite pas à faire du ménage
J'ai suivi un atelier d'écriture donné par Lionel Davoust sur le sujet il y a quelques semaines, et en discutant avec quelques grenouilles je me suis aperçue que je n'étais pas la seule à avoir du mal avec cette notion de conflit.
Certains auteurs d'ouvrages techniques sur l'écriture (notamment Yves Lavandier dans la Dramaturgie) considèrent que le conflit est la base de toute histoire, le dénominateur commun.
Jusqu'à présent, je trouvais que le conflit, c'était un mot fourre-tout, que ceux qui l'employaient parlaient de tension narrative en général... Suite à l'atelier mentionné plus haut, je suis en train de réviser mon jugement
En effet, ceux qui manipulent le concept ne le cantonnent pas à la définition de base : le conflit frontal (schématiquement, A casse la gueule de B). L'idée, c'est de chercher un rapport conflictuel, qui peut s'engager entre deux personnages, rester "interne" à un unique personnage, se manifester via le contexte dans lequel évolue le héros (une grosse tempête par exemple).
En gros, un conflit ça se résume de la manière suivant :
Cette chose est importante pour le personnage, ce n'est pas forcément un enjeu mondial ou cosmique.le conflit a écrit :quelqu'un veut quelque chose d'important, et c'est compliqué d'y arriver
Ce qui est intéressant avec cette notion de conflit, c'est qu'elle peut servir à l'échelle de l'histoire globale, comme à l'échelle de la scène. Utilisée dans une scène, c'est le moteur qui va définir, dynamiser, faire avancer l'action. Utilisé sur l'histoire, c'est ce qui va en définir les tenants et les aboutissants.
Voici quelques types de situations qui sont en réalité des conflits, à l'aune de ce que je viens de résumer :
- le conflit frontal (il ne s'agit pas forcément d'une scène de bataille)
- le conflit tangentiel (on veut la même chose mais on n'est pas d'accord sur les moyens)
- la prise de décision (conflit interne à un personnage)
- la relation amoureuse
Notez que l'atelier d'écriture que j'ai suivi, qui se déroulait sur 2 jours, consistait en 6 exercices, en gros écrire 6 scènes, chacune avec un type de conflit. Il fallait démarrer et terminer au plus près de l'action. Eh bien cette méthode est redoutable pour monter en deux coups de cuillère à pot une histoire qui tient la route, dynamique, avec une évolution des personnages et tutti quanti
Autre chose, le conflit n'oppose pas forcément deux volontés (A vs B, A contre lui-même en interne, A contre la nature, etc.), il peut y avoir plus de monde qui débat ce qui rend la mécanique plus délicate à manier, bien sûr.
J'aimerais bien relire mon Lavandier pour voir si je comprends mieux ce qu'il raconte sur le conflit, maintenant je ne sais pas quand je le ferai, mais le moment venu, je reviendrai ici vous dire le résultat.