Le nombre de pages maximum n'est souvent pas indiqué sur les sites des éditeurs, mais, dans le domaine de l'imaginaire, plusieurs indiquent refuser les manuscrits de plus d'un million de signes espaces compris (par exemple les éditions ActuSF).
Pour ceux qui n'indiquent pas de maximum explicite, tu peux raisonner en termes de vente de papier. En termes de prix, la beauté et la qualité du texte n'entre pas en ligne de compte : plus un roman contient de pages, plus il coûte cher, et cela fait partie des angoisses des éditeurs au moment de commercialiser un livre. Je ne connais pas bien le domaine de la littérature de jeunesse actuelle, mais j'imagine que les contraintes sont plus fortes pour de jeunes lecteurs potentiellement plus intimidés par de longs romans (ou alors il faut que ce soit des pavés très axés sur le suspense, façon
Harry Potter). Même s'il n'y a pas de règle, un manuscrit plus court sera mécaniquement plus facile à publier pour l'éditeur.
Maintenant, comme ne pas faire trop long ? Très bonne question, car j'ai le même problème que toi
(ce qui explique aussi que je fasse remonter ce sujet, plutôt que d'en créer un autre.) Le manuscrit sur lequel je travaille me fait m'arracher les cheveux dans ce domaine. Le premier jet faisait 1,36 millions de signes espaces compris, autant dire beaucoup trop long ! J'aurais pu en faire un diptyque, mais je n'ai pas assez confiance dans la solidité de ma construction pour ça et j'ai préféré tâcher de le raccourcir, et vérifier autant que possible s'il n'y avait pas de ventres mous, de scènes inutiles ou trop longues, de détails superflus, etc. J'ai déjà supprimé 120 000 signes mais c'est encore trop long. J'alterne entre plusieurs échelles :
- la phrase : virer les lourdeurs, les mots en trop, etc.
- la scène : condenser les descriptions, vérifier si toutes les péripéties de la scène sont réellement indispensables, vérifier si un dialogue est réellement utile dans tous ses détails ou s'il peut être raccourci ou remplacé par une narration bien plus courte.
- le chapitre : revoir ce que je veux faire avancer et quelles parties se perdent en détours inutiles ou surabondants par rapport à l'ensemble du roman.
Personnellement, j'ai beaucoup plus de mal à travailler au niveau du plan d'ensemble ou du chapitre qu'à des échelles plus petites. J'ai bien progressé et j'ai déjà réussi à supprimer plusieurs scènes entièrement (ce que je n'aurais jamais réussi à faire il y a quelques années). Mais j'ai beaucoup de mal à voir quels endroits pourraient être des ventres mous, et à choisir entre les idées. Cela vient du fait que tout le roman m'est venu par idées dispersées, assez épisodiques, et que j'ai passé déjà pas mal de temps en faisant le plan pour trouver le fil rouge et resserrer le tout en un ensemble bien structuré.
Comme quelqu'un le disait très bien (dans un autre fil, je crois), il faut aussi savoir faire un choix entre ses idées : on ne peut pas caser toutes les idées de lieux, de personnages, de créatures ou de rebondissements dans la même intrigue sans risque de surcharger le manuscrit. J'adore les oeuvres toutes fourmillantes de détails, façon cathédrale gothique, mais c'est très délicat à bâtir en conservant des proportions harmonieuses et une taille raisonnable. Quitte à jouer les Dr Frankenstein, mieux vaut créer un humain de taille moyenne mais en bonne santé plutôt qu'un géant bossu qui finira hémiplégique dans les bras du lectorat parce que tu lui auras prévu trop de sang sur un flanc et pas assez dans l'autre.
(Désolé pour la comparaison hasardeuse...)
Mon avatar est une illustration de Julien Delval pour "Les Cahiers gris II" (supplément pour le jeu de rôle "Agone").