J'aime pas du tout l'idée de talent inné. Genre "Ah, t'es pas né avec le Don ? Bah c'est dommage, non non, c'est pas la peine de t'y dévouer corps et âme, ça marchera jamais. La Prophétie ne t'a pas désigné(e), tu n'es pas le porteur de l'Anneau, Sam".
Après, comme dans toute chose, tout dépend des définitions. Si par talent on entend ;:
tigrette a écrit :
Par talent, j'entends les choses suivantes:
-la faculté de se nourrir de sa culture (quelle qu'elle soit) pour développer son imaginaire et produire quelque chose de nouveau.
-la capacité de détecter de manière presque intuitive la justesse d'une phrase, d'un mot, ou au contraire ce qui ne colle pas.
- la capacité de retranscrire la psychologie des personnages (empathie, esprit d'analyse, lucidité)
- la capacité de se remettre en question et de ne pas croire que ce qu'on est écrit est sacré.
alors oui, je suis assez d'accord.
90% de travail ? Oui... et non. Oui si on entend par travail recorriger ses textes, progresser, etc. Mais je ne crois pas au travail mécanique, à l'apprentissage de techniques, etc.
En fait, j'ai voté l'option "c'est autre chose et je vais vous dire quoi".
Je pense qu'en fait, c'est "juste" une passion. Le fait d'aimer énormément écrire.
Quand vous dites ça les gens vous répondent : c'est faux, tu peux passer ta vie au Louvre en adorant la peinture, et ne faire que des croûtes sans âme !
Oui mais c'est parce que dans ce cas-là, lesdites personnes aiment
regarder la peinture. Ce qui n'est pas exactement pareil.
Du coup, ça rejoindrait les qualités pour produire un texte potable. Il faut un certain sens du partage, la volonté de s'exprimer, de se mettre à la place de l'autre, qui va percevoir ce qu'on produit (le lecteur, quoi, mais disons l'Autre, pour rester dans l'abstrait).
Il faut aussi, je pense, s'être énormément nourri de lecture et d'imaginaire, parce que je reste persuadée qu'une bonne partie de la fabrication d'un texte se fait à notre insu, comme disait ma prof de litté de prépa, il faut laisser aux choses le temps de décanter en soi.
(Sauf qu'elle, elle parlait des disserts, et c'est tout de même moins affriolant).
Je pense qu'il faut aussi un minimum de sens de l'observation, que ce soit du monde réel, pour en nourrir ses textes, ou - j'ai envie de dire "surtout" - des livres qu'on lit.
Du coup, tout ça, c'est pas inné. C'est social. C'est pas déterminé à la naissance, ça se crée au cours de la vie. Evidemment, c'est lié à la personnalité. Mais je dirais plutôt que c'est lié à la passion pour l'écriture : si t'aimes écrire, tu vis à travers ça - en partie (je suis pas non plus en train de vanter l'idée du génie créateur qui entre en transe pour écrire, évidemment
Quand je dis "tu vis à travers ça", c'est plus au sens où c'est une façon d'être, et pas seulement une activité. Mais c'est
nada del otro mundo, comme on dit en espagnol. C'est rien d'extraordinaire).
Mais c'est pas non plus du travail. C'est des choses qui se font toutes seules, guidées par le goût. Le travail - au sens strict : retravail d'un texte, amélioration des techniques de narration, et même tentatives d'innovations conscientes - c'est juste la partie émergée de l'iceberg.
Après, j'ai conscience que je pense ça pour me rassurer. Je sais qu'en musique, par exemple, y a des gens qui ont ou n'ont pas l'oreille musicale, et que les spécialistes disent que c'est de naissance plus que dû à l'environnement. Mais ça me stresse de penser qu'un donné biologique puisse bloquer l'épanouissement de l'individu. Alors, même si j'ai pas de preuve, je préfère rester sur ma position