...c'est précisément à cause de cette question que j'ai arrêté de faire des histoires où le héros vient de notre monde et se retrouve dans un autre. Je trouvais que, à part dans certains livres (Harry Potter, dans une certaine mesure ?), ça rendait assez lourd - surtout dans certains films (où le héros découvre la magie, deux minutes de "wouaouh !", et puis bon ça y est, il peut partir sauver le monde). Surtout que souvent, il me semble que c'est seulement une technique pour essayer de ratisser large au niveau du public : prendre un personnage venu de notre monde pour que le lecteur/spectateur puisse s'en sentir plus proche. Bref, du coup j'essaie d'éliminer le problème en me disant que si ça n'a pas d'intérêt crucial que le personnage vienne d'un monde qui ignore la magie, autant en prendre un qui y est déjà. (En plus j'avoue être devenue allergique aux histoires d'élus, depuis une surdose de lectures/visionnages avec cette trame )Votre personnage principal débarque dans un monde qu’il ne connaît pas sans y être préparé, ou alors, découvre une réalité incroyable dans son monde à lui. Il est tout naturel qu’il se pose des questions, des tas de questions ! Ou même qu’il nie complètement ce qu’il a sous les yeux. Mais pourtant, il faut bien un moment où il accepte l’incroyable réalité et s’y plonge…
Par contre, je trouve que ta question se pose pour beaucoup plus de cas de figure, pas uniquement le cas du héros transporté dans un autre monde. Même si le bizarre vient progressivement faire intrusion dans sa vie, il va aussi passer par les stades où il ne fait pas attention/s'étonne/ne comprend pas/accepte l'interprétation surnaturelle.
Déjà je pense que, un peu comme le disait Crazy, il faut choisir un trait de personnalité du héros qui lui permette de réagir comme tu l'entends. Je veux dire que si le personnage est censé accepter l'incroyable rapidement, il vaut mieux le faire ouvert d'esprit, aventurier, un peu extravagant peut-être (je suis pas fan du coup du geek qui se retrouve dans son univers et se disant "trop bien, c'est comme dans Le Seigneur des Anneaux !", que je trouve un peu facile, mais un personnage qui a un peu d'imagination, ça aide...). Ou alors, prendre un personnage soit terre à terre, soit obtus à ces choses-là, et vraiment intégrer cette personnalité à sa façon de découvrir le monde/les éléments surnaturels ; à mon avis c'est peut-être plus sympa à faire, mais plus dur...
Enfin bref, je pense que la "technique" choisie sera en fait, avant tout, un choix de caractère pour le héros.
Du coup je crois que la seule fois, récemment, où je me suis trouvée face à ce genre de scénarios en écrivant, c'est quand un de mes personnages se réveille 500 ans plus tard, dans un monde complètement différent avec divers prodiges à ses yeux. Mais j'ai choisi de ne pas la faire venir de notre monde, mais d'un monde un peu fantasy où, sans qu'il y ait réellement de magie, l'inexplicable est accepté et du coup elle a une sorte de sous-bassement psychologique pour croire à son déplacement dans le futur. (Même si au début elle pense que c'est un coup monté et que c'est seulement une preuve visuelle qui finit de la convaincre)
Pour ma part, quand il s'agit d'intégrer des éléments fantastiques, je fais en général en sorte d'éliminer ce questionnement du "est-ce vrai ? Non, c'est incroyable !" au maximum. Le plus souvent, en faisant de cette rencontre avec le fantastique quelque chose de progressif, qui s'impose petit à petit au personnage. Ex : il y a un mystère, le personnage réfléchit dessus, envisage diverses hypothèses voire un truc surnaturel mais sans y croire (un peu comme on ferait, vous et moi, si on se trouvait face à quelque chose de vraiment étrange, je pense), et petit à petit le mystère s'épaissit en même temps que les hypothèses rationnelles sont invalidées, et du coup le personnage se retrouve presque naturellement, ou par défaut, à envisager l'aspect surnaturel, qui en fait ne lui semble plus si invraisemblable puisque ses investigations l'y ont préparé. Après, c'est pas à moi de dire si ça marche, mais c'est la "technique" que j'ai tendance à essayer d'utiliser.
Je suis assez d'accord En fait je trouve que la difficulté est moins de trouver une façon pour que le personnage y croie, que de trouver une façon pour que le lecteur ne trouve pas ça téléphoné. Si le personnage en reste au cercle de pensées : "Oh lala, un dragon ! Mais en fait, ça existe ! C'est dingue, ça, j'aurais jamais cru. A moins que je sois en train de rêver ? Je vais peut-être me réveiller... Ah, mais c'est vraiment dingue, dingue, dingue tout ça !", ça fait un peu lourd pour le lecteur, qui a lu des dizaines d'histoires du genre et sait bien que cette découverte de la magie est juste un passage obligé. Du coup je pense que, même dans un texte vraiment léger, c'est l'aspect psychologique qui va faire la différence : arriver à vraiment faire apparaître la personnalité du personnage au moment de cette découverte, pour que le lecteur ne se dise pas "ouais, bon ça va, y a un dragon, je l'avais lu dans le quatrième de couverture...", mais : "le personnage est intéressant, quand il découvre que la magie existe !".tomate a écrit :Citer:
Votre personnage principal débarque dans un monde qu’il ne connaît pas sans y être préparé, ou alors, découvre une réalité incroyable dans son monde à lui. Il est tout naturel qu’il se pose des questions, des tas de questions !
Outre sa personnalité, ça dépend de la façon dont se déroule l'histoire et les preuves tangibles qu'il a de la situation. Par exemple, s'il voit arriver un dragon affamé, même si en théorie il croit que les dragons n'existent pas, il y a fort à parier qu'il va prendre ses jambes à son cou. Bref, il l'acceptera d'autant plus vite que sa survie en dépend.
Après, ça dépend de sa culture d'origine et aussi dans quelle mesure le monde ou il se trouve plongé est désagréable pour lui.
Par contre, pour une réalité incroyable dans son monde de départ, c'est beaucoup plus difficile à accepter. Après tout, on connait tous des gens qui n'ont pas accepté des choses finalement assez banales (votre conjoint vous trompe, votre père battait votre mère comme du plâtre etc..) parce qu'elles sont trop dérangeantes pour eux.
Bref à mon avis, l'artifice marchera surtout si la scène réussit à apporter quelque chose à l'histoire...