Yop !
Ca fait un bail, mais j'arrive un peu à sortir la tête hors de l'eau
. Pour répondre à ta question Crazy, je suis passé en addictologie pendant trois mois (du côté médecin) donc je peux partager mon expérience là bas. Ca ne fait pas de moi un pro', mais j'ai quand même une idée assez clair de ce qui ce passe (d'autant plus qu'avec mes cours, ça aide
). Néanmoins, pour ce qui est du "vécu" côté patient, je ne pourrais pas tant t'aider puisque je n'étais pas à la place des patients. Et, même s'ils en parlent pour qu'on les aide, ça ne remplace pas l'expérience. M'enfin, je vois que Ilham t'en as déjà bien parlé donc ça devrait être OK.
-> Y'a plusieurs points clés dans une prise en charge addictologique:
- Déjà, il faut que ce soit une décision du patient. Sinon, c'est même pas la peine ça ne marchera pas d'après les psychiatres/addictologues.
- Évaluer, avant le sevrage, la consommation (durée, type, quantités, circonstances ayant conduit à l'addiction), la dépendance/tolérance psychique et physique, la motivation et les complications qu'ont entrainées l'addiction.
- Quand tu te sèvres d'un toxique, c'est de but en blanc: abstinence totale dès le début de la cure. Quand ce n'est pas un toxique mais un médicament donné pour une raison médicale, comme avec la morphine, les benzodiazépine, les antidépresseurs etc... le sevrage brut peut être très très mal vécu donc on peut y aller par paliers. Mais, en général, ça se fait quand même du jour au lendemain.
- On propose (si c'est possible) un substitutif pour diminuer "l'appétence". A mon avis, dans ton cas, y'en aura pas... je les vois mal lui apporter du sang
. Après tu es libre de décider du contraire, hein !
- De même, on traite les symptômes de sevrages au cas par cas.
- En plus des traitements médicamenteux, les patients passent des entretiens avec les médecins où ils peuvent se décharger émotionnellement, juger leurs progrès, développer des projets etc... Ils ont également des activités (physiques, intellectuelles...) pour leur détourner l'attention. S'ils sont jugés stables, ils sont libres de se déplacer dans l'enceinte de l'établissement. En général, on rechigne à attacher pieds et poings liés les patients. C'est surtout en cas de force majeure : s'ils sont jugés dangereux pour eux ou autrui, et seulement pour passer le cap difficile. On ne garde pas les patients attachés des jours et des jours !
- Les sorties pendant la cure sont autorisées après entretien avec un médecin : s'il juge que le patient est stable et ne risque pas de rechuter à peine ressorti, la permission est accordée pour un voire deux jours. En général, c'est surtout pour des affaires administratives / familiales et si on est sûr que le patient va revenir...
- La cure ne s'arrête pas au milieu hospitalier. Après le sevrage à l’hôpital, il faut "entretenir" l'effort par une "post-cure" en centre spécialisé mais en ambulatoire (le patient est chez lui, mais vient à des rendez vous).
Maintenant, pour répondre à tes questions concernant les syndromes de sevrage. Je vais me baser sur ce qu'on donne aux accros aux substances hallucinogènes (comme le LSD) ou aux psychostimulants (cocaine/amphétamines...).
Déjà les syndromes de sevrage :
- Mydriase bilatérale (pupilles dilatées)
- Muscles douloureux, déshydratation...
- Diarrhée, vomissements, douleurs abdominales...
- Tachycardie, Hypertension artérielle...
- Anxiété, craving (la sensation de besoin/manque), angoisses, insomnie...
Tu peux faire un peu comme tu le sens, ce sont des signes très généraux. Pour faire simple, tu prends tout ce que te procure la substance et les symptômes de sevrage sont à l'opposée, et tu rajoutes les douleurs / anxiétés / les poussées d'hypertension voire des hallucinations etc.
-> Les traitements antalgiques: jamais de morphiniques, ni de médicaments addictifs (par ex. les benzodiazépines).
On donne du Paracétamol (=doliprane) ou aspirine. Ça peut paraitre vache, mais c'est les seuls qui ne soient pas des opiacés (=morphiniques) et/ou addictifs :/.
-> Contre l'anxiété: neuroleptique sédatif (ex. Tercian), pas de valium qui est une benzodiazépine.
-> Contre les vomissements: dompéridone (=Motilium)
-> Contre les accès de violence dont tu parles, vu que c'est un centre privé et que le "client" est roi, ils vont être sans pitié: ils vont le shooter à mort jusqu'à ce qu'il ne bouge plus. Ça évitera qu'il souffre... et qu'il "ennuie" les autres "clients".
Donc Loxapac: neuroleptique sédatif très puissant, d'action assez rapide (pic d'action en moins d'1h30 par voie orale), sous forme de cachets, gouttes... voire piqure si je ne me goure pas (et là c'est plus rapide). Tu peux également utiliser de l'Haldol en piqure, c'est plus rapide mais moins efficace que le loxapac (avis tout à fait personnel): effet en trente minute à peu près. En général, il est surtout utilisé lorsque le patient refuse d'avaler les cachets/les gouttes.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à tes questions, je repasserai lorsque je pourrai, si jamais il manque des choses / si j'ai soulevé d'autres interrogations. Au pire, je peux béta lire le passage en question pour le confronter à ce qui se passe à l’hôpital et te donner mon avis (via le forum ou par MP/autre).
See ya et bon courage !